1945-1948 : l’Est et l’Ouest font route séparément
Après la capitulation sans condition de la Wehrmacht, le 8 mai 1945, toute l'Allemagne est occupée par les quatre puissances victorieuses qui exercent désormais un pouvoir souverain sur le pays.
Conséquence du conflit Est-Ouest qui se déclare pour des raisons idéologiques, les trois puissances occidentales d’un côté et l’Union soviétique de l’autre suivent des chemins différents dans leur politique allemande.
Les puissances occidentales mettent en chantier un État allemand (partiel) conforme aux principes d’une démocratie parlementaire. L’Union soviétique, en revanche, installera dans sa zone d’occupation un État de plus en plus fidèlement calqué sur le modèle soviétique d’une dictature communiste.
1948/49 : le Conseil parlementaire et la Loi fondamentale
Les voies suivies par l’Est et l’Ouest divergent définitivement lorsque, le 1er septembre 1948 à Bonn, à la demande des puissances occidentales, le Conseil parlementaire se réunit à l’Académie de pédagogie, qui deviendra le futur Bundeshaus.
Parmi les 65 membres réunis pour étudier la Loi fondamentale de la future République fédérale d’Allemagne, nombre d’entre eux ont une expérience parlementaire datant de l’époque de Weimar. Sous la direction de leur président, Konrad Adenauer, ils délibèrent sur un projet constitutionnel préalablement élaboré.
En mai 1949, le moment est venu d’adopter, de ratifier et de promulguer la Loi fondamentale. À la différence de la Constitution de Weimar, les pouvoirs de décision politiques sont désormais l’apanage exclusif des Parlements, légitimés à cette fin par des élections libres et des gouvernements institués par lesdits Parlements.
1949 : première législature du Bundestag allemand
Les premières élections au Bundestag se tiennent le 14 août 1949. Une multiplicité de partis politiques et de candidats indépendants briguent les suffrages des électeurs. Mais dès ces premières législatives, les voix se portent massivement sur trois formations : la CDU/CSU, le SPD et le FDP.
Le 7 septembre 1949, le Bundestag et le Bundesrat tiennent leurs séances constitutives à Bonn. Erich Köhler (CDU) est élu président du Bundestag.
Le 12 septembre 1949, l’assemblée fédérale élit Theodor Heuss (FDP) à la présidence de la République. Trois jours plus tard, Konrad Adenauer (CDU), âgé de 73 ans et jusqu’alors président du Conseil parlementaire, est élu chancelier fédéral par le Bundestag à une infime majorité (une seule voix). Il se porte à la tête d’un gouvernement de coalition formé de membres de la CDU/CSU, du FDP et de la Deutsche Partei (DP).
Les années 50 : des orientations fondamentales
À de fréquentes reprises, le Bundestag siège aussi à Berlin-Ouest, dans la salle de réception de l’Université technique ou au nouveau Palais des congrès. Tout particulièrement pendant cette première décennie, le Bundestag est fortement sollicité dans son rôle de législateur. Il faut en effet surmonter des situations de détresse extrême et déblayer les conséquences de la guerre et de la dictature nationale-socialiste.
Par ailleurs, de nombreuses lois réglementent la mise en place de la justice et de l’administration, de même qu’elles concrétisent le concept d’économie sociale de marché.
Avec beaucoup de détermination, le chancelier Konrad Adenauer poursuit l’ancrage occidental de son pays, premier pas vers l’intégration européenne, l’appartenance à l’OTAN et la mise sur pied de forces armées de la République fédérale.
Pendant toute cette période, la politique interallemande figure à l’ordre du jour. Le Bundestag maintient fermement le cap sur la réunification du pays.
Les années 60 : une volonté parlementaire affirmée
Autoritaire dans son style de gouvernement, Konrad Adenauer restera à la chancellerie fédérale jusqu’en 1963, avant de passer le témoin à Ludwig Erhard, lui aussi membre de la CDU. Le poids du Bundestag ne cesse de croître.
Le délai d’extinction des poursuites pénales à l’encontre des crimes nazis est une question qui relève du seul Bundestag. Le 25 mars 1965, ce scrutin sans consigne de vote se solde par un prolongement dudit délai. À l’issue d’une crise budgétaire, Ludwig Erhard se voit privé du soutien du FDP, son partenaire de la coalition, et est poussé à la démission par son propre groupe parlementaire.
De même, la grande coalition qui arrive au gouvernement en 1966 est tributaire d’une volonté parlementaire affirmée pour infléchir le cours de la politique économique et le déroulement des délibérations sur les textes constitutionnels réglementant l’état d’urgence. Le Bundestag décide que les droits parlementaires de participation et de contrôle seront maintenus même en cas d’urgence.
Les années 70 : Ostpolitik et motion de défiance
Conséquence des élections législatives de 1969, le SPD forme une coalition gouvernementale avec le FDP. Willy Brandt accède à la chancellerie.
Au début des années 70, la nouvelle Ostpolitik débouche sur la signature de traités avec l’Union soviétique, la Pologne et la Tchécoslovaquie, et avant tout sur la conclusion du traité sur les bases des relations entre la République fédérale d’Allemagne et la République démocratique allemande.
Mais elle engendre aussi de fortes tensions entre la coalition au gouvernement et l’opposition. En 1972, le groupe CDU/CSU dépose une motion de défiance constructive visant à renverser le chancelier Willy Brandt et à lui désigner un successeur en la personne de Rainer Barzel (CDU). Mais cette motion est rejetée.
Les élections qui suivent confortent la coalition sociale-libérale. De nombreuses ré-formes figurent au programme. De plus, le gouvernement – dirigé par le chancelier Helmut Schmidt (SPD) à partir de 1974 – et le Bundestag sont confrontés à des problèmes toujours plus pressants tels que crise de l’énergie et attentats terroristes.
Les années 80 : nouveau gouvernement et nouvelle opposition
En octobre 1982, une nouvelle motion de défiance constructive aboutit cette fois-ci à l’élection de Helmut Kohl (CDU) à la chancellerie. La nouvelle coalition formée de la CDU/CSU et du FDP sort renforcée des élections anticipées de mars 1983.
La même année, le Bundestag donne son accord au déploiement de nouveaux missiles américains de moyenne portée sur le territoire de l'Allemagne fédérale.
De nouveaux visages font leur apparition au Bundestag. Les députés des Verts forment un second groupe parlementaire d’opposition qui se sent lié notamment aux comités d’action citoyenne et alternative, aux adversaires de l’énergie nucléaire et au mouvement pacifiste.
Dans les années 80, le chômage, la politique énergétique et environnementale, l’afflux de demandeurs d’asile et l’avenir de la Communauté européenne sont des sujets qui figurent au centre des délibérations du Bundestag.
1989/90 : la réunification de l'Allemagne
Le 9 novembre 1989, le Bundestag allemand est informé de l’ouverture du Mur de Berlin. Dès lors, les événements vont se précipiter.
Le 28 novembre 1989, le chancelier Helmut Kohl présente un plan en dix points sur un possible itinéraire à suivre jusqu’à la réunification, à laquelle les alliés occidentaux et l’Union soviétique vont par la suite consentir. Les Bureaux du Bundestag allemand et de la Chambre du peuple de la RDA conviennent de coopérer étroitement et forment de part et d’autre une commission de l’unité.
Le 21 juin 1990, le Bundestag allemand et la Chambre du Peuple de la RDA adoptent le traité interallemand sur l’union monétaire, économique et sociale, et le traité d’Union trois mois plus tard.
Le 3 octobre 1990 à 0 heure, la RDA adhère à la République fédérale d’Allemagne. Le lendemain, le Bundestag allemand réunifié tient sa première séance dans le bâtiment du Reichstag.