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Buste de Heinrich Hoffmann von Fallersleben © Werner Otto/OKAPIA
Unité et droit et liberté
pour la patrie allemande!
Tendons tous vers cela
fraternellement, avec le cœur et la main!
Unité et droit et liberté
sont les fondements du bonheur;
|:Fleuris dans l'éclat de ce bonheur,
fleuris, patrie allemande!:|
Le " Chant des Allemands " fut écrit par August Heinrich Hoffmann von Fallersleben, le 26 août 1841, pendant un séjour sur l'île d'Helgoland, qui était encore une possession britannique à cette époque. Le texte reflétait l'aspiration à la liberté et à l'unité nationale, qui s'exprimait déjà depuis les guerres napoléoniennes dans de nombreux chants des mouvements pour l'unité et la liberté de l'Allemagne. Pour la mélodie, Hoffmann choisit l'hymne " Dieu protège l'Empereur François " mis en musique par Joseph Haydn en 1797. Le 1er septembre 1841, le " Chant des Allemands " parut sous forme imprimée chez l'éditeur Hoffmann & Campe. Le 5 octobre 1841, il fut entonné pour la première fois en public par le chœur d'hommes " Hamburger Liedertafel ", fondé en 1832.
Lors des mouvements révolutionnaires de 1848/49, le " Chants des Allemands " résonna à maintes reprises, sans devenir pour autant un hymne national proprement dit. Il tomba ensuite progressivement dans l'oubli. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle qu'il connut une nouvelle vie. Le 9 août 1890, il fut chanté pour la première fois dans le cadre d'une manifestation officielle, à l'occasion de la remise de l'île d'Helgoland à l'Empire allemand. Il devient par la suite l'un des chants les plus courants dans l'Allemagne impériale.
Le 11 août 1922, jour de la Constitution dans la République de Weimar, le président du Reich Friedrich Ebert se prononça dans le journal " Vossische Zeitung " en faveur du " Chant des Allemands " comme hymne national. Il faisait ainsi indirectement usage du pouvoir qui lui était conféré, en tant que chef de l'État, de déterminer les symboles de l'État. Cet appel au sentiment national étant censé vaincre la méfiance d'une grande partie de la population à l'égard de la nouvelle République. Dans une ordonnance du 17 aoûts 1922, le président Ebert imposa à l'armée du Reich également le " Chant des Allemands " en tant qu'hymne national officiel.
Après 1933, les nationaux-socialistes détournèrent le chant, et singulièrement sa première strophe, pour légitimer leurs desseins belliqueux et expansionnistes. Lors des manifestations officielles, la première strophe du chant était jouée et chantée parallèlement au chant de combat du NSDAP (le " Horst-Wessel-Lied "), en tant qu'hymne allemand.
Après le discrédit jeté par les nationaux-socialistes sur le " Chant des Allemands ", le président fédéral Theodor Heuss fit composer un nouvel hymne en 1950 ; celui-ci ne parvient cependant pas à s'imposer au public. Au début de 1952, le président Heuss et le chancelier Konrad Adenauer s'accordèrent sur le " Chant des Allemands ", qui avait la préférence du chancelier, comme hymne national. Reprenant à son compte la décision de Friedrich Ebert, le président Heuss réclamait pour lui aussi, en sa qualité de chef de l'État, la pouvoir de déterminer la mélodie et le texte de l'hymne national. La décision fut prise dans le cadre d'un échange de lettres avec le chancelier Adenauer afin de garantir le contreseing gouvernemental de l'ordonnance présidentielle, jugé nécessaire pour les juristes. Cet échange de lettres précisait également que seule la troisième strophe du " Chant des Allemands " devait être chantée lors des manifestations officielles.
Se référant à l'échange entre Heuss et Adenauer, le président fédéral Richard von Weizsäcker confirma, dans un échange de lettres avec le chancelier Helmut Kohl au début de 1991, la troisième strophe du " Chant des Allemands " comme hymne national de la République fédérale d'Allemagne.